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Sujet corrigé 1

Si la libération est notre but, alors la chose la moins avisée que nous puissions entreprendre est certainement la restauration du monde ancien, la conservation de notre spécificité, le culte de la différence et de l’originalité, puisque la cause de notre défaite et notre condition actuelle de dépendance effective est à chercher dans notre spécificité, dans ce qui nous différencie de l’Europe, et nulle part ailleurs. Car si notre monde ancien n’a pas pu supporter le choc du monde européen ce fut assurément en raison de quelque chose qui le différenciait de l’Europe. Or tenter de reconstituer le monde ancien, c’est entreprendre de maintenir aussi cette faille ; essayer de sauver l’une ou l’autre épave institutionnelle, idéologique ou spirituelle de ce monde uniquement parce qu’elle fut nôtre, c’est courir le risque de sauver précisément cela qui causa notre défaite et nous conduirait à la perte.

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Sujet corrigé 2

«On nous conteste de tout côté le droit d’admettre un psychisme inconscient et de travailler scientifiquement avec cette hypothèse. Nous pouvons répondre à cela que l’hypothèse de l’inconscient est nécessaire et légitime ; nous possédons de multiples preuves de l’existence de l’inconscient. Elle est nécessaire parce que les données de la conscience sont extrêmement lacunaire ; aussi bien chez l’homme sain que chez l’homme malade, il se produit fréquemment des acte psychiques qui, pour être expliqués, présupposent d’autres actes qui, eux, ne bénéficient pas du témoignage de la conscience. Les actes ne sont pas seulement les actes manqués et les rêves, chez l’homme sain, et tout ce qu’on appelle symptômes psychiques compulsionnels chez le malade ; notre expérience quotidienne la plus personnelle nous met en présence d’idées qui nous viennent sans que nous en connaissions l’origine, et de résultats de pensée dont l’élaboration nous est cachée… » Sigmund FREUD, Métapsychologie, P.96.

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Sujet corrigé 3

Texte  :   Amener au jour une authentique philosophie négro-africaine établirait à coup sûr que nos ancêtres ont philosophé, sans pour autant nous dispenser, nous de philosopher à notre tour.  Déterrer une philosophie ce n’est pas encore philosopher.  L’Occident  peut se vanter d’une brillante tradition philosophique.  Mais l’occidental qui a reconnu l’existence de cette tradition et qui en a même saisi le contenu, n’a pas encore commencé à philosopher.  La philosophie ne commence qu’avec la décision de soumettre l’héritage philosophique et culturel à une critique sans complaisance.  Pour le philosophe, aucune donnée, aucune idée si vénérable soit-elle recevable avant d’être passée au crible de la pensée critique.  En fait, la philosophie est essentiellement sacrilège en ceci qu’elle se veut l’instance normative suprême ayant seule le doit de fixer ce qui doit ou non être tenu pour sacré, et de ce fait abolit le sacré pour autant qu’il veut s’imposer à l’homme du dehors.  C’est pourquoi tous les grands philosophes commencent par invalider ce qui était considéré jusqu’à eux comme absolu.   Marcien Towa, Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique actuelle.

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Sujet corrigé 4

L’amitié semble être le lien qui unit les cités, les législateurs semblent y avoir attaché plus d’importance qu’à la justice même : car la concorde a déjà quelque chose qui ressemble à l’amitié ; et c’est elle qu’ils aspirent à établir, tandis qu’ils s’efforcent de bannir la discorde, comme étant le plus redoutable fléau des Etats. D’ailleurs, supposez les hommes unis par l’amitié, ils n’auraient pas besoin de la justice ; mais, en les supposant justes, ils auront besoin de l’amitié ; certes, ce qu’il y a de plus juste au monde, c’est la justice qui peut se concilier avec la bienveillance. Aristote, Ethique à Nicomaque.

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Sujet corrigé 5

« Les hommes sont faits pour vivre en société. . . Telle est en effet la nature et la constitution de l’homme, que hors de la société, il ne saurait ni conserver sa vie, développer et perfectionner ses facultés et ses talents, ni se procurer un vrai et solide bonheur. Que deviendrait, je vous prie, un enfant, si une main bienfaisante et secourable ne pourvoyait à ses besoins ? Il faut qu’il périsse si personne ne prend soin de lui ; et cet état de faiblesse et d’indigence demande même des secours longtemps continués ; suivez-le dans sa jeunesse, vous n’y trouverez que grossièreté, qu’ignorance, qu’idées confuses ; vous ne verrez en lui, s’il est abandonné à lui-même, qu’un animal sauvage, et peut-être féroce ; ignorant toutes les commodités de la vie, en proie à l’ennui (. . .) c’est un retour d’infinités qui rendent presque aussi dépendants des autres (. . .). Denis Diderot, « Société », in Encyclopédie.

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Sujet corrigé 6

L’intérêt est uni au devoir dans toutes les choses de la vie ; plus on examinera ce sujet, plus l’homogénéité de l’intérêt apparaîtra évidente.(. . .) En saine morale, le devoir d’un homme ne saurait jamais consister à faire ce qu’il est de son intérêt de ne pas faire (. . .) ; par une juste estimation, il apercevra la coïncidence de ses intérêts et de ses devoirs. (. . .) il est certain que tout homme agit en vue de son propre intérêt ; ce n’est pas qu’il voit toujours son intérêt là où il est véritablement. Jérémy Bentham, Déontologie, Trad. Dumont, pp. 17-19.

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Sujet corrigé 7

Mais le problème est de savoir où se situe véritablement la liberté : dans l’action de supprimer l’entrave ou plutôt dans la jouissance de la facilité qui naît postérieurement à l’action de réduire l’entrave ? En d’autres termes, suis-je libre quand je m’engage dans la réduction d’un ordre contraignant donné ou plutôt dans le moment de repos qui succède à l’effort victorieux des contraintes ? Toute la liberté dont on veut jouir dans l’absence de contrainte et par conséquent de l’effort n’est pas qualitativement différentes de celle qu’aurait métaphoriquement un corps quelconque tombant en chute dite justement libre dans un vide d’obstacles et de résistance ! C’est une liberté négative qui veut être, définitivement être soi au lieu que la vraie liberté est toujours en devenir. C’est une liberté qui aspire à se loger, à se cloisonner, pour ainsi dire, dans le vide d’une résistance antérieurement supprimée ou simplement inexistante. Or, la vraie liberté ne se laisse point figer ni séquestrer. La liberté conçue comme absence d’entraves est ce que nous appellerions une liberté-chose par opposition à la liberté-production. L’action de supprimer l’obstacle lui devient une condition de possibilité et non une caractéristique essentielle. C’est la pseudo-liberté qu’on octroie et vous ne gagnez pas. Ebenezer Njoh Mouelle, De la médiocrité à l’excellence, Editions Clé, P. 87-88.

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Sujet corrigé 8

Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir. De là le droit du plus fort ; droit pris ironiquement en apparence, et réellement établi en principe. Mais ne nous expliquera-t-on jamais ce mot ? La force est une puissance physique ; je ne vois point quelle moralité peut résulter de ses effets. Céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté ; c’est tout au plus un acte de prudence. En quel sens pourra-ce être un devoir ?(…) Si tôt qu’on peut désobéir impunément on le peut légitimement, et puisque le plus fort a toujours raison, il ne s’agit que de faire en sorte qu’on soit le plus fort. Or, qu’est-ce qu’un droit qui périt quand la force cesse ? S’il faut obéir par force on n’a pas besoin d’obéir par devoir, et si l’on n’est plus forcé d’obéir, on n’y est plus obligé(…) Convenons donc que force ne fait pas droit et qu’on est obligé d’obéir qu’aux puissances légitimes. Jean Jacques Rousseau, Du contrat social, Ed. Sociales, 1971, pp. 58-59

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Sujet corrigé 9

La fin de l’Etat n’est pas de faire passer les hommes de la condition d’êtres raisonnables à celle de bêtes brutes ou d’automates, mais au contraire, il est institué pour que leur âme et leur corps s’acquittent en sûreté de toutes les fonctions, pour qu’eux-mêmes usent d’une raison libre, pour qu’ils ne luttent point de haine, de colère, ou de ruse, pour qu’ils se supportent sans malveillance les uns les autres. La fin de l’Etat est donc en réalité la liberté. Nous avons vu que pour former l’Etat, une seule chose est nécessaire : que tout le pouvoir de décréter appartienne soit à tous collectivement, soit à quelques-uns, soit à un seul. Puisque, en effet, le libre jugement des hommes est extrêmement divers, que chacun pense être seul à tout savoir et qu’il est impossible que tous opinent pareillement et parlent d’une seule bouche, ils ne pouvaient vivre en paix si l’individu n’avait renoncé à son droit d’agir suivant le seul décret de sa pensée. Baruch Spinoza, Traité théologico-politique.

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Sujet corrigé 10

«  La science aussi repose sur le même principe. Science et philosophie ont par la suite la même exigence, le même critère de vérité, la même forme. De fait, les diverses sciences sont très historiquement de la philosophie par spécialisation et particularisation. Et c’est par cette particularité seulement qu’elles diffèrent de la philosophie. Mais les sciences reposent sur un principe, qui leur est commun avec la philosophie qui consiste à voir, sentir, penser par soi-même, à être soi-même. C’est le grand principe qui s’oppose à toute autorité dans quelque domaine que ce soit . . . tout ce qui doit avoir pour l’homme quelque valeur doit se trouver dans sa pensée propre. . . chaque homme doit penser pour lui-même, aucun ne peut penser pour un autre pas plus que manger et boire pour un autre. » Marcien Towa, Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique actuelle ; P.61-62.

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